Les Nations unies, sous la pression de l’industrie, reportent de 10 ans l’action visant à stopper la déforestation
[New York] La Coalition mondiale des forêts (GFC en anglais) [1] a violemment réagi au projet final des Objectifs de développement durable (ODD) publié cette semaine. Bien que la plupart des ODD avaient été convenus en juillet 2014, le dernier projet, qui sera adopté par les Nations unies en septembre 2015, au cœur même du Programme de développement post-2015 [2], a soudainement été modifié pour reporter de 10 ans, de 2020 à 2030, une cible cruciale visant à stopper la déforestation. Les ODD vont remplacer les Objectifs du millénaire de développement en vue d’éradiquer la pauvreté par le biais du développement durable dans un délai déterminé au moyen de cibles quantifiables.
La cible 15.2, originellement proposée pour stopper la déforestation, avait une échéance fixée à 2020 [3], néanmoins, des modifications récentes en ligne avec la Déclaration sur les Forêts de New York de 2014, où les leaders mondiaux se sont joints aux transnationales pour arriver à un accord afin de “réduire de moitié les pertes de forêts naturelles à l’horizon 2020, et pour arriver à les stopper vers 2030” [4], augmentant ainsi la période pour poursuivre la déforestation.
“Malheureusement, les Nations unies ont décidé « d’aligner » leurs ODD sur la Déclaration de New York signée et promue par Unilever, McDonalds, Cargill, Nestlé et d’autres compagnies de soja et huile de palme. Le monde va donc perdre environ 170 millions d’hectares de forêts entrainant des conséquences dévastatrices pour la vie et la subsistance des peuples indigènes et des communautés vivant de la forêt.” déclare Simone Lovera, Directrice exécutive de la Coalition mondiale des forêts du Paraguay. Et elle ajoute que, “avec la promotion de « déboisement » les forêts naturelles et autres écosystèmes de valeur pourront continuer à être convertis en plantations d’arbres de monoculture préjudiciables, débouchant sur une perte massive de la biodiversité forestière.”
Un rapport récent a révélé que près de 420 million d’acres de forêts pourraient être perdus entre 2010 et 2030 si les tendances actuelles se poursuivent [5].
Selon le Président de la Coalition mondiale des forêts, Diego Alejandro Cardona de Colombie, “Cet accord, qui repousse l’action de plus d’une décennie et donne la priorité aux intérêts des entreprises, donne le « feu vert » à la déforestation et à des accaparements de terres dans les pays du Sud.”
Par ailleurs, la Coalition mondiale des forêts partage également les préoccupations de nombreuses autres organisations de la société civile concernant la grande importance accordée par les ODD et le document y étant étroitement lié sur le Financement pour le Sommet sur le développement [6], qui va décider des ressources pour la mise en œuvre de ces Objectifs de développement durable par des Partenariats publics-privés (PPP). Une récente affaire a montré qu’en Afrique, l’engagement du secteur privé a eu pour conséquence une spoliation de plus de 11 milliards de dollars US en 2010 à cause de multinationales ayant réduit leurs factures fiscales [7]
“Il est consternant de voir que les Nations unies ont décidé de donner la priorité aux intérêts des entreprises au lieu de ceux des forêts et de leurs habitants. Cette tendance des politiques de l’ONU qui, en ne règlementant pas les transnationales, leur donne la voie libre pour détruire notre planète, reflète la mainmise par les grandes entreprises sur le système onusien.” Déclare Mary Louise Malig des Philippines, Coordinatrice des campagnes pour GFC. La résurgence sans précédent des accords de libre-échange déterminés par les entreprises, combinée avec cette mainmise des entreprises sur l’ONU, annonce un avenir sombre pour les forêts et l’humanité.
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Notes
[1] La Coalition mondiale des forêts (GFC en anglais) est une coalition à niveau mondial d’environ 80 ONG et d’organisations de Peuples autochtones de 50 pays différents luttant pour des politiques de conservation forestière socialement juste et basée sur les droits.
Cf. https://globalforestcoalition.org/about-us/
[2] https://sustainabledevelopment.un.org/post2015
[3] La cible nº15.2 stipule, “D’ici à 2020, promouvoir la gestion durable de tous les types de forêt, mettre un terme à la déforestation, restaurer les forêts dégradées et accroître considérablement le boisement et le reboisement au niveau mondial «
[4] Déclaration de New York sur les Forêts: http://www.un-redd.org/portals/15/documents/ForestsDeclarationText.pdf
[5] Cf. les derniers chapitres du rapport WWF sur les Forêts vivantes https://www.worldwildlife.org/publications/living-forests-report-chapter-5-saving-forests-at-risk
[6] http://www.un.org/esa/ffd/
[7]Selon le nouveau rapport d’Oxfam, ‘Africa: Rising for the few,’ ceci équivaudrait à six fois le montant nécessaire pour combler le déficit financier des pays affectés par l’Ebola à savoir le Sierra Leone, le Liberia, la Guinée et la Guinée Bissau. https://www.oxfam.org/en/pressroom/pressreleases/2015-06-02/multinational-companies- cheat-africa-out-billions-dollars