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Chauds et Froids à la Seconde Session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement

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Bien que la seconde session de l’Assemblée des Nations Unies sur l’Environnement (UNEA-2) se soit achevée le 28 mai 2016 au siège de l’UNEP à Nairobi, les préoccupations majeures qui en ont émergées sont toujours présentes dans notre travail quotidien sur la protection des forêts et sur la conservation de la biodiversité. L’UNEA est un espace opportun pour améliorer la compréhension de problèmes environnementaux, non seulement de ceux que l’on peut dire ‘classiques’ mais aussi de ceux ‘nouveaux’, en émergence. Des experts du monde entier se réunissent pour participer à l’Assemblée et éveiller les consciences des délégués quant à leur travail et aux problématiques cruciales, par le biais d’évènements parallèles et d’ateliers.

Le thème de l’UNEA-2 était le suivant : ‘Réalisation du Programme Horizon 2030’. Initialement, il renvoyait plus spécifiquement à la ‘Réalisation de la Dimension Environnementale du Programme Horizon 2030’. Dans la même ligne, plusieurs des Résolutions clefs discutées lors de l’Assemblée, comme celle concernant le Programme Horizon 2030 et le changement climatique, ont été édulcorées avant même leur adoption. Des 26 Résolutions, toutes sauf une sont passées, ce qui a généré une atmosphère assez hostile aux derniers termes des négociations. Pour une revue compréhensive des issues politiques de l’Assemblée, veuillez consulter : http://www.iisd.ca/unep/unea2/.

Dans l’ensemble, l’UNEA-2 a été riche d’activités et d’évènements. L’Assemblée a aussi accueilli la publication de « Avenir du Genre et de l’Environnement dans le Monde (Global Gender and Environment Outlook – GGEO), première parution de l’UNEP se concentrant sur le genre et l’environnement dans la série du Programme « Avenir de l’Environnement dans le Monde ». En tant qu’auteur cependant, j’ai observé que la majorité des panels ayant lieu à l’UNEA-2 a été tenu par des hommes, de même que les sièges des négociateurs (voir par exemple : https://www.flickr.com/photos/unep/albums/72157669180378536). Dans ce sens, une approche plus sérieuse et plus cohérente est nécessaire dans les prochaines sessions de l’UNEA.

De plus, lors de la clôture du Forum sur la Science et les Politiques, tenu quelques jours avant l’UNEA-2, le prix de la ‘Femme en Sciences’ a été décerné à la Docteure Jennifer Thomson. Professeure à l’Université de Cape Town, Thomson est reconnue pour ses travaux sur les variétés de maïs génétiquement modifiées ; elle est aussi conseillère au Comité pour l’Information sur la Biotechnologie des Etats-Unis, comité financé par la biotechnologie, ainsi qu’au Conseil d’AfricaBio, une organisation financée par Monsanto, lequel est le lobby des cultures OGM en Afrique[1]. Cette décision a été condamnée non seulement par les participants du Groupe Majeur des Femmes – qui ont conduit une action silencieuse lors de la cérémonie – mais aussi par d’autres participants de l’UNEA qui ont soutenu qu’il était irresponsable de remettre ce prix à une personne promouvant des technologies défaillantes.

A travers le monde, des peuples autochtones et des paysans ont subi les conséquences négatives découlant de la promotion des semences OGM, lesquelles ont, entre autres choses, conduit les agriculteurs à la perte de leurs récoltes et à la faillite. D’après les Registres du Bureau National des Crimes, plus de 284 000 agriculteurs indiens se sont suicidés depuis que les monopoles de semences ont été établis en Inde[2]. Dans certains pays, les gouvernements ont été directement responsables de l’interdiction d’utiliser des semences indigènes et de la promotion de semences OGM pour les cultures, notamment par le biais de subventions. De telles politiques accélèrent la disparition de semences indigènes, menacent la souveraineté alimentaire tout en augmentant la faim dans le monde[3]. La reconnaissance de chercheurs pro-OGM va incontestablement contre les Objectifs de Développement Durable, et par là contre le thème de l’UNEA-2.

Ainsi, un besoin apparaissait évident dans ce genre d’évènements, celui de conjuguer ‘prédication et action’ et de freiner la ‘schizophrénie’ croissante entre ce que de telles rencontres multilatérales visent à faire et ce qu’elles promeuvent en réalité. Je suis certain que ce n’est pas la première fois qu’une discorde si nette s’est manifestée, mais cette fois-ci, nous avons eu la chance que les membres de notre équipe soient bien informés et à même de reconnaître que quelque chose de suspect était se tramait.

Avec le recul, il est clair que les issues de l’UNEA ont été supplantées par d’autres processus politiques en cours relatifs au développement durable, notamment le Programme d’Action Addis Abeba (produit de la Troisième Conférence sur le Financement du Développement), l’Accord de Paris sur le Changement Climatique, et le Forum Politique de Haut Niveau (conçu pour être le corps en charge de l’implémentation des Objectifs de Développement Durable). Même la dernière Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (UNCTAD) [4]  a été reconnue comme ayant un rôle central dans l’accomplissement des Objectifs de Développement Durable.

Malgré tout, l’UNEA-2 a failli à soutenir le pilier environnemental du développement durable, lequel a été retranché des politiques internationales depuis au moins le Sommet de Rio de 1992, si ce n’est depuis la Conférence de Stockholm en 1972. Dans la mesure où il s’agit d’un Forum relativement récent, nous espérant que les prochaines sessions apportent des améliorations grandement nécessaires.

 

[1] http://powerbase.info/index.php/AfricaBio

[2] https://www.theguardian.com/sustainable-business/seed-freedom-hunger-malnutrition-biodiversity?CMP=twt_gu

[3] Voir par exemple : https://www.theguardian.com/sustainable-business/seed-freedom-hunger-malnutrition-biodiversity?CMP=twt_gu

[4] http://sd.iisd.org/category/actors/un-programme-agency-or-fund/unctad/

18 août, 2016
Posted in Actualités, Supporting Community Conservation, community conservation resilience initiative