Skip to content
or
banner image

Le mythe de la “neutralité carbone” de l’accord proposé sur le climat – nouveau rapport

Mardi 08 décembre, Paris: La Coalition Mondiale des Forêts (Global Forest Coalition) [1] lance aujourd’hui un nouveau rapport dans les discussions de Paris concernant le climat : “Biomythes, l’arnaque coûteuse en carbone de la bioénergie”[2]. Le rapport montre comment la promotion de la bioénergie de grande échelle en guise de remplacement des combustibles fossiles s’appuie sur le soi-disant mythe de sa “neutralité carbone”.

« Accepter le fait que la bioénergie de grande échelle puisse être “carbone neutre” permettra aux centrales électriques de continuer à décharger leurs émissions de carbone dans l’atmosphère pendant que les nations prétendront réduire leurs émissions » a déclaré Mary Lou Malig, coordinatrice de campagnes pour la Coalition Mondiale pour les Forêts, qui assiste en ce moment même aux négociations sur le climat. « De telles prétentions, combinées avec des propositions telles que la Bioénergie par Captage et Stockage du Carbone (Bioenergy with Carbon Capture and Storage – BECCS), transforment tout accord pouvant potentiellement émerger de Paris en une arnaque frauduleuse ».

« Du mythe des faibles émissions en carbone a découlé l’affirmation que la bioénergie, jointe au Captage et Stockage du Carbone, pourrait atteindre un solde négatif des émissions de gaz carbonique et par là compenser les émissions issues des combustibles fossiles. La dernière version de l’accord de Paris comporte six références à la réduction “nette” des émissions de carbone ; laissant ainsi la porte grande ouverte à la Bioénergie par Captage et Stockage du Carbone ainsi qu’à d’autres technologies de géo-ingénierie, qui ne feront que retarder une réduction qui soit véritable et intégrale, terriblement nécessaire à présent » ajoute Olivier Munnion, co-directeur de Biofuelwatch et membre de la Coalition Mondiale pour les Forêts [3].

Le rapport des “Biomythes” souligne qu’aux Etats-Unis et en Europe, la bioénergie constitue à présent le plus grande proportion des énergies dites renouvelables. La croissance rapide de l’industrie est poussée par les objectifs en énergie renouvelable et les perspectives de gains financiers subséquents qui sont maintenant offerts dans la majorité des pays [4]. L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) anticipe que la génération totale de bioénergies primaires pourrait au minimum tripler d’ici 2050 [5], cela du fait d’une production grandissante d’électricité et de chaleur à échelle industrielle.

« L’idée que brûler les arbres pour produire de l’énergie est bénéfique pour le climat est un mensonge » a avancé Simone Lovera, directeur exécutif de la Coalition Globale pour les Forêts. « Tel que le rapport le souligne, brûler des arbres signifie dégager directement dans l’atmosphère un carbone qui a été claustré pendant des décennies. En plus de ceci, les forêts qui sont coupées ou dégradées perdent une grande part, si ce n’est la totalité, de leur capacité à stocker le carbone. Nous devons réduire les émissions de carbone à présent, et non les accroître à travers de fausses solutions ».

Le rapport fournit une vue d’ensemble sur la situation présente des tendances globales de la bioénergie à échelle industrielle. Actuellement, son utilisation et sa production se situent d’abord aux Etats-Unis, en Europe et en Russie ; mais d’autres régions telles que l’Asie prennent le pas et s’engagent lourdement sur cette voie, principalement dans la production, la consommation et le commerce de biomasse forestière d’échelle industrielle.

« Les investisseurs étrangers sont en train de se servir de ce boom de la bioénergie, en particulier en Europe, comme d’une excuse pour se saisir de davantage de terres en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie du sud-ouest, précisément pour produire la biomasse destinée à la génération d’énergie. Nous faisons déjà face aux conséquences que génère la bioénergie de grande échelle au détriment de l’environnement, la société et l’économie ; dont notamment la déforestation, l’appauvrissement de la biodiversité, la saisie de terrains, la contamination des eaux, un accès réduit en eau, et la perte de la sécurité alimentaire et de la fertilité des sols » avertit Kureeba David de l’Association Nationale des Environnementalistes Professionnels d’Ouganda, aussi membre de la Coalition Mondiale pour les Forêts.

Notes :
[1] La Coalition Mondiale pour les Forêts (Global Forest Coalition) est une coalition mondiale de presque 80 ONG et d’organisations pour les peuples autochtones issues de 53 pays différents aspirant à des politiques de conservation des forêts qui soient légalement et socialement justes.
https://globalforestcoalition.org
[2] Télécharger le rapport intégral et les résumés d’analyse ici : https://globalforestcoalition.org/biomyths/
[3] Biofuelwatch a lancé la semaine dernière un nouveau rapport concernant la Bioénergie par Captage et Stockage du Carbone (BECCS), intitulé “Trouver une option de dernier recours pour le climat ou prendre ses désirs pour la réalité?”. Il s’agit du premier regard critique et approfondi sur la technologie largement promue au COP21. La Bioénergie par Captage et Stockage du Carbone revient à combiner la bioénergie avec le captage et le stockage du carbone, ce qui impliquerait de capter le CO2 émis par la combustion de biomasses dans les centrales énergétiques, ou dans les raffineries de biocombustibles, et de le pomper sous terre ; procédé qui amène certains à dire que cela générerait des “émissions négatives”, et par là même compenserait les émissions générées par d’autres industries. Télécharger le rapport ici : http://www.biofuelwatch.org.uk/2015/beccs-report/
[4] A la moitié de l’année 2015, 164 pays disposaient d’au moins un type d’objectif en matière d’énergie renouvelable ; on ne comptait que 45 pays en 2005. Par exemple, l’Objectif en Energies Renouvelables de l’Union Européenne exige que d’ici 2020, un minimum de 20% de l’utilisation énergétique soit assurée par des ressources renouvelables ; tandis que le nouveau Paquet Energie-Climat 2030 de l’Union Européenne contient un objectif de 27% d’ici 2030.
[5] http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/technology-roadmap-bioenergy-for-heat-and-power-.html

Pour plus d’informations, contactez :
Ashlesha Khadse (Responsable Médiatique)
Téléphone portable et whatsapp : +52 967 111 0424
En France au COP 21 : +33 780734743
Email : ashlesha@globalforestcoalition.org
Site Web : https://globalforestcoalition.org/media

Réseaux sociaux :
Facebook : bit.ly/gfc123
Instagram : global.forest
Twitter : @gfc123

8 déc., 2015
Posted in Press releases, Forêts et Changement Climatique