Les institutions de l’ONU doivent atteindre l’objectif de mettre un terme au déboisement d’ici à 2020, disent les organisations pour les forêts, à l’occasion de la Journée internationale pour la diversité biologique
22 mai 2016. En cette Journée internationale pour la diversité biologique, et à la veille de la réunion de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement prévue à Nairobi [1], la Coalition mondiale des forêts (GFC) [2] a rappelé aux décideurs [3] que la suppression du déboisement d’ici à 2020, prévu par l’objectif 15.2 des Objectifs de développement durable (ODD) [4], et la restauration des forêts dirigée par les communautés, doivent être prioritaires pour lutter contre le changement climatique et la perte de biodiversité. Malgré la promesse historique de l’ONU de mettre fin au déboisement à l’horizon 2020, la plupart des pays et des institutions de l’ONU, et les Parties à la Convention cadre de l’ONU sur le changement climatique (CCNUCC), qui tiennent en ce moment à Bonn leur première réunion formelle après le Sommet de Paris [5], semblent ignorer cet objectif, mettant ainsi en danger les forêts et la biodiversité du monde.
« Beaucoup de pays, dont des pays fortement boisés comme le Brésil et la Bolivie, ont passé outre à l’objectif des ODD concernant le déboisement au moment de s’engager à réduire leurs émissions [6] dans l’Accord de Paris sur le climat », a dit Mary Lou Malig, coordinatrice des campagnes de la GFC.
Comme le souligne le numéro 50 de Couvert Forestier, publié aujourd’hui, le problème s’aggrave du fait que la CCNUCC et d’autres institutions de l’ONU rendent floue la définition des forêts en y incluant les plantations industrielles d’arbres. « Du point de vue de la biodiversité, les plantations en régime de monoculture sont une menace plutôt qu’une contribution. En appliquant cette définition erronée, toute augmentation des plantations peut porter à croire que le couvert forestier a augmenté, alors que cela représente en fait une perte de biodiversité », dit Souparna Lahiri, membre du Forum des mouvements pour les forêts de l’Inde, qui assiste aujourd’hui aux pourparlers de l’ONU sur le climat en représentation de la GFC. L’Accord de Paris sur le climat permet aux Parties de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre en plantant des arbres et en entreprenant d’autres activités de piégeage de carbone. « Cette promotion des plantations industrielles, en particulier d’espèces exotiques comme les eucalyptus et les pins, met en danger la biodiversité et porte atteinte aux moyens d’existence des communautés tributaires des forêts », ajoute Lahiri [7].
La GFC applaudit le rôle positif de la Convention sur la diversité biologique à ce sujet, et souligne que la CDB a formulé des recommandations claires (à l’intention, par exemple, du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat et des Parties à la Convention sur le changement climatique) sur le besoin de prendre en compte la biodiversité dans les politiques sur le changement climatique [8]. L’organe scientifique de la CDB a insisté lui aussi sur le besoin de respecter les droits, le rôle et les connaissances traditionnelles des peuples autochtones, des communautés locales et des femmes en matière de restauration et de conservation des écosystèmes [9].
« Maintenant que l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement est l’organe de décision le plus élevé pour les questions d’environnement, nous espérons que les ministres de l’Environnement qui se réuniront demain à Nairobi lanceront une discussion sérieuse sur la cohérence des politiques et veilleront à ce que leurs propres négociateurs ne disent pas ‘A’ dans un forum et ‘B’ dans un autre », dit Simone Lovera, directrice exécutive de la GFC, qui est en route vers Nairobi après les pourparlers de Bonn sur le climat.
Notes
[1] La deuxième session de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (ANUE-2) se tiendra au siège du PNUE à Nairobi, au Kenya, sur le thème général « Mener à bien le volet environnemental du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». http://www.unep.org/docs/UNEA_2_Brochure.pdf
[2] La Coalition mondiale des forêts regroupe près de 80 ONG et organisations de peuples autochtones de 53 pays, qui luttent pour la justice sociale et le respect des droits dans les politiques pour la conservation des forêts. https://globalforestcoalition.org/
[3] Voir le nouveau numéro de la publication de la GFC, « Couvert forestier 50 – Les Objectifs de développement durable et les forêts : une menace ou l’opportunité d’une vie ? », https://globalforestcoalition.org/fr/resources/forest-cover-issues/forest-cover-50/.
[4] Les Objectifs de développement durable, approuvés par 193 États membres de l’ONU en septembre 2015, comprennent 17 objectifs assortis de 169 cibles. L’ensemble représente une carte routière de portée universelle pour respecter l’engagement historique de mettre un terme aux inégalités structurelles entre les pays, entre les riches et les pauvres et entre les hommes et les femmes, d’ici à 2030. https://sustainabledevelopment.un.org/sdgs. L’objectif 15.2 dit : « D’ici à 2020, promouvoir la gestion durable de tous les types de forêt, mettre un terme à la déforestation, restaurer les forêts dégradées et accroître considérablement le boisement et le reboisement au niveau mondial ». https://sustainabledevelopment.un.org/sdg15.
[5] Plusieurs réunions sur l’Accord de Paris ont lieu à Bonn, en Allemagne, du 16 au 26 mai 2016 : la 44e session de l’Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI 44) et de l’Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA 44), et la première session du Groupe de travail ad hoc sur l’Accord de Paris (APA 1). http://unfccc.int/meetings/bonn_may_2016/meeting/9413.php
[6] Les Contributions nationales à la lutte contre le dérèglement du climat (INDC) figurent ici : http://unfccc.int/focus/indc_portal/items/8766.php.
[7] Vous trouverez davantage d’information sur les répercussions environnementales et sociales des plantations industrielles dans le communiqué de presse de la GFC : https://globalforestcoalition.org/fr/real-forests/.
[8] Voir, par exemple, la décision originelle de la CDB sur le changement climatique et la géo-ingénierie : https://www.cbd.int/climate/geoengineering/.
[9] https://www.cbd.int/doc/meetings/sbstta/sbstta-20/insession/sbstta-20-l-14-fr.pdf . Le rapport final de la réunion du SBSTTA sera publié en ligne dans le courant des prochaines semaines, sur www.cbd.int.