Qu’est-ce que le TNFD, et pourquoi constitue-t-il un risque majeur de greenwashing ?
Cette semaine, lors de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal, le groupe de travail sur les divulgations financières liées à la nature (TNFD) rencontrera les régulateurs et organisera des événements pour tenter de vendre cette initiative commerciale comme une solution à la crise de la biodiversité. Cependant, peu de gens comprennent ce qu’est réellement TNFD. Cette vidéo de 4 minutes l’explique dans un langage simple.
Sous-titres de la vidéo :
Vous n’avez probablement jamais entendu parler du TNFD (Groupe de travail sur la divulgation financière liée à la nature). Pourtant, c’est sûrement la prochaine menace du greenwashing entrepreneurial et ce groupe pourrait influencer les lois.
Le greenwashing, c’est quand une entreprise fait croire aux gens qu’elle en fait bien plus pour l’environnement qu’en réalité.
Chaque jour, des communautés du monde entier se mobilisent pour défendre et préserver la nature et la biodiversité. Les Peuples Autochtones, les femmes et les autres genres marginalisés mènent souvent ces mobilisations.
Les scientifiques sonnent l’alarme : les menaces sur la biodiversité sont si graves que des écosystèmes entiers pourraient disparaître.
Mais la crise de la biodiversité est aussi une crise des droits humains.
Ces écosystèmes nous apportent eau propre, alimentation saine, abri et culture.
Chaque année, des centaines de personnes sont tuées et tués au prétexte qu’elles protègent leurs terres, eaux et environnement contre les industries extractives : l’exploitation minière et forestière, l’élevage industriel, l’agriculture à grande échelle et les monocultures forestières.
Nombre de militant.e.s réclament de nouvelles lois pour rendre les entreprises responsables des dommages qu’elles causent et plus de ressources pour protéger les communautés marginalisées aux terres et aux droits menacés.
Le TNFD prétend faire partie de la solution, mais est-ce vrai ?
Ce groupe de travail rassemble plusieurs multinationales, dont beaucoup ont des antécédents terribles en matière de problèmes environnementaux.
L’idée centrale est que les entreprises doivent rendre plus de comptes pour résoudre la crise de la biodiversité.
Actuellement, le TNFD élabore un cadre sur ce que les entreprises devraient déclarer.
Selon ce groupe, une entreprise doit connaître son impact sur la biodiversité, mais elle ne doit en rendre compte que s’il affecte significativement ses profits.
Si elle pense que détruire les forêts ou menacer des espèces en danger n’affectera pas ses bénéfices alors elle ne sera pas tenue de signaler ces dommages et s’en tirera sans problème.
De plus, dans le cadre du TNFD, les entreprises ne seront PAS tenues de déclarer :
Leurs impacts réels ou potentiels sur la nature.
Les risques ou impacts sur les droits humains.
La localisation de leurs opérations, chaînes d’approvisionnement ou financements.
Les plaintes déposées contre elles –un élément clé pour vérifier si leurs déclarations environnementales sont sincères.
Si elles plaident contre les nouvelles lois qui protègent mieux nature et personnes. C’est une preuve alarmante de greenwashing.
Envoyer des rapports au TNFD est actuellement volontaire, mais des entreprises poussent pour que ça soit obligatoire aux niveaux national et international.
Cela laisserait à quelques multinationales la responsabilité de rédiger le modèle de nos futures lois, ce qui pourrait être extrêmement dangereux pour la nature et les personnes.
Les ONG sont très inquiètes, car plusieurs agences clés de l’ONU soutiennent le TNFD,
en dépit de leurs obligations envers les droits humains et de prise de décision équitable fondée sur des preuves.
Pour stopper la crise de la biodiversité, il faut réduire et non augmenter le pouvoir des multinationales.
Il faut soutenir les solutions fondées sur les droits, la justice de genre et l’équité sociale, menées par celleux qui protègent notre précieuse biodiversité.