Déclaration : Les plantations d’arbres en monoculture ne sont pas des forêts !
Par le Groupe de travail africain sur la biomasse, membre du groupe de travail sur les forêts, le climat et la biomasse de l’Environmental Paper Network et les organisations membres africaines de la Coalition mondiale des forêts.
Le 21 septembre est la Journée internationale de lutte contre les plantations d’arbres en monoculture, au cours de laquelle des organisations du monde entier sensibilisent le public aux impacts des plantations d’arbres en monoculture.
Les gouvernements et les entreprises font souvent la promotion de la foresterie, du boisement et du reboisement comme moyen d’atténuer le changement climatique et de séquestrer le carbone. Il est vrai que les forêts présentent de nombreux avantages, notamment la séquestration du carbone, mais il doit s’agir de véritables forêts naturelles.
Une vraie forêt est un écosystème complexe et biodiversifié, avec plusieurs couches et contenant une grande variété d’arbres et d’autres plantes. Une vraie forêt regorge d’insectes, de mammifères, d’oiseaux, de reptiles et de micro-organismes, et c’est dans cette diversité que résident la résilience et la durabilité.
Mais le “boisement” en Afrique et dans le monde entier est souvent réalisé non pas par la culture d’une “forêt” diversifiée, mais par l’établissement de plantations d’arbres en monoculture sur des terres agricoles ou de la végétation naturelle comme les prairies. Le “reboisement” est mis en œuvre comme l’établissement de plantations d’arbres dans des endroits où les forêts étaient précédemment défrichées.
Nous reconnaissons qu’il existe des projets où des modèles de “foresterie” diversifiés sont appliqués, tels que certains modèles agroforestiers, et où les forêts “dégradées” peuvent se régénérer naturellement. De tels projets sont rares et doivent être soutenus.
Les plus dommageables sont les plantations industrielles d’arbres en monoculture d’espèces exotiques, qui.. :
- Mener à l’accaparement des terres et aux abus des droits des communautés locales.
- Entrer en concurrence avec les terres utilisées pour cultiver des aliments, exacerbant ainsi la pauvreté des communautés locales.
- Avoir des impacts différenciés selon le sexe et blesser davantage les femmes
- Appauvrir la diversité indigène
- Réduire la biodiversité
- Priver les gens de leur intégrité culturelle
- Appauvrir les ressources en eau douce
- causent l’érosion des sols et réduisent leur fertilité
- Polluer le sol et l’eau en raison des produits chimiques utilisés
- sont une source d’émissions de carbone lorsque les terres sont défrichées pour des plantations
- sont moins riches en carbone que les écosystèmes naturels qu’ils remplacent, ce qui appauvrit le stockage du carbone et limite les possibilités de puits de carbone
- Ils augmentent le risque d’incendie, de parasites et de maladies en raison d’une production de biomasse anormalement élevée.
- Elles sont invasives et se propagent dans les zones environnantes.
Les plantations ne sont PAS des forêts
Le groupe de travail africain sur la biomasse a donc
- Demande aux gouvernements africains de ne plus utiliser le projet AFR100 pour étendre les plantations d’arbres en monoculture en Afrique
- Invite tous les peuples africains à résister à la poursuite de l’exploitation, de la fragmentation et de la dégradation du paysage forestier naturel restant pour des plantations d’arbres en monoculture d’espèces exotiques
- S’oppose à l’expansion du modèle industriel de plantation d’arbres en monoculture basé sur une seule espèce pour une production maximale de biomasse
- Demande l’interdiction de nouvelles plantations à grande échelle en Afrique
Pour accroître notre résilience et notre souveraineté alimentaire, nous devons nous tourner vers les modèles du passé, apprendre des systèmes de connaissances indigènes et réclamer des modèles d’agriculture régénérative appropriés, biologiques, diversifiés et résilients au niveau local. Nous devons renforcer la diversité des peuples, des paysages, des animaux et des plantes d’Afrique, et nous unir pour nous opposer à l’exploitation non durable des ressources.
Ensemble, nous sommes comme une rivière que personne ne peut bloquer …
Les plantations d’arbres en monoculture ne sont pas des forêts !
21 septembre 2022