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Initiative sur la Résilience de la Conservation communautaire

RECOMMANDATIONS CLÉS DESTINÉES AUX DÉCIDEURS POLITIQUES

Le but de cette initiative sur la résilience de la conservation communautaire (CCRI) est de contribuer à l’application du plan stratégique de la Convention sur la Diversité biologique et des objectifs d’Aichi par des conseils politiques sur des moyens efficaces et appropriés d’appuyer la conservation communautaire. Le projet documente et révise les résultats d’évaluations participatives, effectuées du bas vers le haut, de la résilience d’initiatives de conservation communautaire et le soutien qui devrait être apporté afin de renforcer ces initiatives. Ce projet concerne au moins 60 communautés situées dans plus de 20 pays différents. Les rapports préliminaires de ces évaluations ont été présentés et discutés à la Conférence Favoriser la conservation communautaire qui s’est tenue du 31 août au 4 septembre à Durban en Afrique du Sud.

Les résultats initiaux des CCRI indiquent que la protection de la biodiversité et des écosystèmes pourrait être améliorée de manière significative en soutenant le savoir traditionnel et les pratiques des peuples qui dépendent de ces lieux et de leurs ressources, c’est-à-dire les peuples autochtones et les communautés locales. Cela signifie également un effort concerté visant à atténuer les menaces et les défis qui affectent, actuellement, la résilience des communautés.

Cependant des tensions accrues et des menaces internes et externes amenuisent la capacité des communautés à conserver la biodiversité. Les menaces essentielles sont les suivantes:

  • Une demande accrue de terre pour d’autres usages, dont le développement industriel, l’agriculture industrielle, l’élevage, l’exploitation forestière qui alimentent en grande partie les demandes des élites urbaines et des consommateurs des pays du nord.
  • Une tenure foncière incertaine, des accaparements de terres et de ressources et des conflits entre les droits fonciers coutumiers et officiels.
  • Un manque d’engagement dans les processus de prise de décisions en matière de biodiversité locale et de ressources et un manque de soutien politique dans la conservation communautaire.
  • Un manque d’accès aux services de santé de base et à une eau propre, une mauvaise gouvernance avec de la corruption et/ou l’incapacité à appliquer les législations existantes.
  • Des changements socio-économiques significatifs, l’influence du mode de vie occidental ainsi que le vieillissement de la population dû au départ vers les centres urbains, de nombreux jeunes à la recherche d’éducation ou de travail, entrainent une perte de savoir et de pratiques traditionnels.  
  • Les impacts généralisés du changement climatique et la destruction des palétuviers dans les États insulaires de faible altitude.
  • Les crises liées à l’eau – spécialement en relation avec les impacts du changement climatique et les monocultures industrielles de soja et d’arbres – y compris les pénuries d’eau, la pollution de l’eau, le détournement des cours d’eau et les inondations.
  • D’autres problèmes environnementaux dont les espèces végétales exotiques envahissantes, l’avancée de la brousse, l’érosion des sols et la dégradation des pâturages.          

Le projet CCRI et les participants des communautés ont analysé les différents moyens qui pourraient soutenir la résilience de la conservation communautaire:

 

  • Par la reconnaissance et la protection des sites sacrés et des aires et territoires du Patrimoine autochtone et communautaire (APAC ou ICCA en anglais) où les ressources naturelles sont protégées par un système et des pratiques de gouvernance communautaire.

    Les droits humains internationaux en vigueur et les législations sur l’environnement qui reconnaissent la valeur des aires et territoires du Patrimoine autochtone et communautaire (APAC), tels que les sites sacrés naturels et le rôle des gardiens et des communautés, devraient être utilisés.

 

  • Par la reconnaissance, la démarcation et la protection des territoires et des terres des peuples autochtones, et des droits fonciers coutumiers des communautés locales, tout en encourageant l’autonomie des communautés.  

    Les pays qui n’ont pas encore transposé la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones dans leur législation nationale devrait le faire, d’autant plus que cette déclaration traite explicitement de la protection des territoires autochtones.

 

  • Par la prévention de la propagation de l’agriculture, de l’exploitation forestière et des projets énergétiques à échelle industrielle ainsi que des mégaprojets d’infrastructure sur les terres et les territoires des peuples autochtones et des communautés locales, en allant jusqu’à rediriger les investissements et tout autre incitation perverse.

    Il est bien clair que ces menaces économiques et industrielles sont externes aux communautés et que tout soutien à la résilience des communautés exige une volonté politique significative et des interventions de la part du gouvernement, De telles interventions sont positives pour les deux parties car d’un côté, elles empêchent la destruction de l’écosystème et de la biodiversité par les nouvelles industries, et de l’autre, elles augmentent la résilience des communautés et leur engagement à conserver et améliorer leurs territoires et ressources.

 

  • Par l’appui et l’organisation d’activités locales productives, y compris l’agriculture traditionnelle, l’agroécologie et les systèmes énergétiques contrôlés au niveau local.

    Ceci devrait inclure un soutien pour l’agriculture traditionnelle et l’agroécologie et pour une énergie communautaire, propre et durable représentant une alternative souhaitable et viable au modèle économique actuel qui ne tient aucun compte de la biodiversité. Le rôle des femmes dans la production alimentaire est souvent rendu invisible, il est également important d’en reconnaitre l’importance, de le soutenir et de le renforcer.

 

  • Par la promotion des femmes à des positions de direction

    Plusieurs évaluations de CCRI ont conclu que la promotion des femmes à des positions de direction aiderait les communautés à maintenir et améliorer leur capacité de conservation de la biodiversité et des écosystèmes. Au Panama, par exemple, les femmes ont remarqué qu’elles passent plus de temps avec les enfants et sont mieux placées pour transmettre le savoir traditionnel. Les participants chiliens ont également recommandé que les femmes occupent des positions de direction à la fois dans des communautés autochtones rurales et dans des espaces urbains.

 

  • Par l’organisation d’une éducation intergénérationnelle et interculturelle.

    Presque toutes les évaluations des CCRI ont identifié certains éléments d’éducation, de partage d’information et de sensibilisation comme étant des éléments essentiels à la résilience continue et à la capacité de conserver la biodiversité des communautés. Beaucoup ont mis l’accent sur la revitalisation des échanges intergénérationnels, sur la culture et les pratiques traditionnelles.

 

  • Par la régénération de l’écosystème.

    Les évaluations des CCRI montrent que nombre de peuples autochtones et de communautés locales adoptent une attitude proactive dans la protection de leur écosystème local et de leurs ressources naturelles. De nombreux exemples sont décrits dans les études de cas, que ce soit les paysans sans terre de la communauté de San Miguel au Paraguay qui restaurent les cours d’eau et les marais endommagés par d’autres ou les communautés insulaires de Samoa, des îles Salomon ou de Panama qui prévoient ou se consacrent à des projets de restauration des palétuviers.

 

  • Par l’apport d’un soutien externe aux communautés visant à renforcer leur résilience.

    De nombreuses communautés ont souligné la responsabilité des gouvernements dont le rôle est de satisfaire les droits humains des membres de la communauté en matière d’éducation décente et de santé, sans oublier les services de santé reproductive, l’approvisionnement en eau, l’assainissement, l’énergie, l’alimentation et les infrastructures. Il est noté que la responsabilité de ces services ne doit pas être accordée à des acteurs privés, et le risque que les partenariats public-privé affaiblissent la gouvernance publique a été mentionné à ce sujet.

 

Un soutien juridique, politique et technique de la part d’acteurs externes, plus spécialement le gouvernement, les bailleurs de fonds, et les ONG peut jouer un rôle primordial dans l’amélioration de la résilience des communautés et de la biodiversité. Cependant, il est essentiel que ce support soit fondé sur des systèmes de gestion et des structures de gouvernance communautaire et qu’il réponde aux besoins et aux aspirations des communautés et des peuples autochtones même. Trop souvent, des démarches du haut vers le bas, dont celles fondées sur des hypothèses néo-libérales, ont affaibli les systèmes de gouvernance communautaire et les valeurs traditionnelles qui maintenaient les pratiques de conservation.

 

 

Les participants de la conférence Favoriser la conservation communautaire ont recommandé que les décideurs politiques nationaux et internationaux devraient :

 

  1. Reconnaitre les droits fondamentaux et non-négociables des peuples autochtones, des communautés locales et des femmes, en ratifiant et en appliquant la Déclaration des Nation Unies sur les Droits des peuples autochtones ;
  2. Mettre fin à toutes formes de violence contre les militants de l’environnement et reconnaitre les groupes de la société civile comme des alliés dans la lutte pour des systèmes de gouvernance plus démocratiques ;
  3. Promouvoir la participation des femmes et leur accès à des positions de direction dans tous les niveaux de décision politique ayant trait à la biodiversité ;
  4. Respecter l’auto-détermination des communautés, spécialement en matière de moyen de subsistance ;
  5. Respecter la tenure foncière, résoudre les litiges fonciers et reconnaitre et protéger les territoires et les terres communes des peuples autochtones ;
  6. Promouvoir la conservation et la restauration des écosystèmes, ce qui contribue également de façon significative à la résistance au changement climatique ;
  7. Assurer une reconnaissance adéquate et la protection des sites sacrés et des autres aires et territoires du Patrimoine autochtone et communautaire (APAC) et des droits y afférents ;
  8. Mettre fin à toute nouvelle expansion de zones protégées contrôlées par l’état et leur remplacement par des APAC ;
  9. Assurer la restitution des terres communes et redonner aux communautés le pouvoir de se gouverner et de gérer leurs propres zones. Les APAC ne devraient pas devenir des zones protégées cogérées à moins que tous les droits ne soient pleinement respectés et que les communautés aient le pouvoir de prendre la direction de la gouvernance de ces zones ;
  10. Développer de nouvelles législations, adapter et renforcer les législations existantes visant à soutenir la conservation communautaire de manière à respecter les droits traditionnels de gouvernance et assurer une application effective de ces législations ;
  11. Sensibiliser et éduquer les fonctionnaires de l’État sur les droits autochtones et communautaires ;
  12. Soutenir l’autonomisation juridique et politique des peuples autochtones et des communautés locales et assurer leur participation pleine et entière aux prises de décision y compris par des mécanismes tels que les conseils des peuples autochtones ;
  13. Inclure des experts locaux du savoir traditionnel et des systèmes de gouvernance dans les initiatives gouvernementales de développement ou de révision de plans d’action et de stratégies sur la biodiversité nationale ;
  14. Garantir les droits des communautés de conserver et de restaurer leur biodiversité par des pratiques locales et autochtones telles que la collecte de produits de la forêt, la gestion du feu, les cultures itinérantes et l’élevage nomadique ;
  15. Soutenir et faciliter les activités de production locale, y compris l’élevage traditionnel, l’agroécologie, les systèmes d’énergie durable contrôlés par la communauté, l’utilisation durable de produits non-ligneux de la forêt ainsi que des services publics adéquates et des infrastructures pour les communautés locales ;
  16. Reconnaitre les droits et les rôles des communautés dans la conservation et l’échange de semences, et mettre fin aux processus législatifs qui portent atteinte à de tels droits et pratiques ;
  17. Augmenter les capacités de conservation de la communauté et la sensibilisation aux menaces qui pourraient les forcer à surutiliser leurs ressources, en gardant à l’esprit que les aspirations économiques et sociales des communautés devraient rester en deçà des capacités de l’écosystème dont elles dépendent ;
  18. Changer les définitions des forêts: les plantations ne sont pas des forêts! Dans l’application des Objectifs de Développement durable (ODD), une distinction claire doit être établie entre la restauration des forêts secondaires et naturelles et l’établissement des plantations d’arbres ;
  19. Evaluer correctement les conditions de l’écosystème avant de s’engager dans toute extraction de ressources ou toute autre forme de développement ;
  20. Déterminer et remédier aux causes directes et sous-jacentes des pertes de la forêt, telles que la libéralisation du commerce, l’agriculture et l’exploitation forestière à échelle industrielle, les mégaprojets énergétiques et les grands projets d’infrastructure sur les terres et les territoires des peuples autochtones et des communautés locales, en redirigeant les investissements, les subventions et autres incitations perverses ;
  21. Rejeter les fausses solutions au changement climatique telles que REDD+ (réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts), la bioénergie et les BECC (bioénergie avec capture et stockage du carbone)
  22. Transformer les modèles de développement durable qui mettent l’accent sur la croissance économique et ont un impact négatif sur les cultures locales et autochtones, en modèles qui assurent une subsistance réelle et durable.

 

Communautés qui ont effectué une évaluation sur la résilience de la conservation communautaire (CCRI)

  • Plusieurs communautés Guna dans la région Guna Yala et la tribu Emberra, au Panama;
  • Les Kebeles de Dinsho-02, les communautés Mio et Abakera dans le district de Dinsho, dans les montagnes de Bale en Ethiopie;
  • Les communautés de Santa Bárbara-Quilaco-Alto Bio-Bío, Tralcao-Mapu et Chanlelfu dans le sud du Chili;
  • Les Udege de la taiga d’Ussuri, dans la cordillère de Sikhote-Alin, dans le sud de l’Extrême Orient russe ;
  • Les communautés Toamua, Saina et Vaiusu de Samoa;
  • Le peuple Pedi spécialement la tribu Mapulane dans la zone de Mariepskop et les membres de la communauté de la vallée de Houtbosloop dans la province de Mpumalanga en Afrique du Sud;
  • La communauté San Miguel dans le Minga Porâ, et la communauté Maracaná à l’est du Paraguay; et La Esperanza, une communauté autochtone dans la région du bas Chaco;
  • Les communautés Bukaleba, Kalangala et Butimba dans l’est, le centre et le sud-ouest de l’Uganda respectivement;
  • Les communautés Sulufou et Fera Subua au nord-est Malaita, et la communauté Hageulu dans la province Isabel, dans les îles Salomon;
  • La confédération tribale nomadique autochtone de Abolhassani, la tribu Taklé de la confédération tribale nomadique autochtone de Shahsevan, et la tribu Farrokhvand de la confédération tribale nomadique autochtone de Bakhtiari en Iran.

 

The initiative is coordinated by the Global Forest Coalition, in collaboration with Siemenpuu and Natural Justice and with support of the Christensen Fund and the German International Climate Initiative (IKI).

 

Les rapports complets de la première année de l’Initiative sur la résilience de la conservation communautaire (CCRI) peuvent être téléchargés en anglais, espagnol ou français sur le site : https://globalforestcoalition.org/resources/supporting-community-conservation.

Pour de plus amples informations, contacter Mary Lou Malig, Chargée de communication, GFC, Marylouisemalig@globalforestcoalition.org.

 

CAPTIONS

Beekeeping is popular for Udege, Russia CCRI. Yuki Mikami, Taiga Forum

L’apiculture est populaire chez les Udege du CCRI de Russie. Yuki Mikami, Forum de Taiga

 

Guna woman making molas with children, Guna Yala CCRI, Panama. Ronnie Hall
Femme Guna en train de préparer des molas avec les enfants, Guna Yala, CCRI Panama, Ronnie Hall

 

Sulufou community, Solomon Islands CCRI. Aydah Vahia

Communauté de Sulufou, CCRI des îles Salomon, Aydah Vahia